Le Service National d’Observation COAST-HF vise à comprendre et analyser les évolutions à différentes échelles temporelles de l’environnement côtier, allant de la dynamique d’évènements extrêmes ou transitoires se développant à haute fréquence (heure, jour) aux tendances pluri-annuelles. Les problématiques scientifiques au cœur des objectifs de COAST-HF et qui trouvent un écho dans les stratégies nationale et internationale, s’inscrivent donc dans les thématiques de l’impact des changements climatiques et des pressions anthropiques dans les régions côtières, qui restent les zones privilégiées d’occupation humaine :

  1. Observation à haute-fréquence et sur le long terme de ces changements de l’environnement littoral sous pressions climatiques et anthropiques ;
  2. Détection et compréhension des événements extrêmes (e.g. crues, tempêtes, sécheresses, crises écologiques). Evolution sur le long terme de la fréquence de ces évènements.
  3. Appui à la surveillance et à la politique de gestion des zones littorales, à la mise en œuvre des directives cadres européennes (DCE, DCSMM) et soutien à la mise en œuvre des conventions de mers régionales (OSPAR, Barcelone).

 

Sur ces zones côtières, les travaux de la dernière décennie ont montré l’influence de cycles climatiques à l’échelle pluri-décennale, de cycles de périodicité infra-décennale et également l’influence régionale et locale des modifications climatiques à grande échelle spatiale (Drinkwater et al, 2003 ; Goberville et al, 2010 ; Chaalali et al, 2013).

Le domaine côtier est donc particulièrement dominé par les interactions d’échelle, tant spatiales que temporelles. L’emprise spatiale sur l’ensemble des façades maritimes de COAST-HF permet d’aborder les différents types de situations liées aux configurations géographiques et aux forçages associés (les stations telles que MESURHO, SMART, SCENES ou CARNOT sont directement à proximité d’embouchures de cours d’eau). La haute-fréquence temporelle d’acquisition donne accès aux phénomènes sporadiques et à variabilité rapide. La durée des observations à l’échelle décennale et pluri-décennale est essentielle pour caractériser des états de référence, déterminer des tendances et déconvoluer (si possible) les signaux générés par les phénomènes globaux à variabilité lente de ceux induits aux échelles régionale ou locale (souvent prépondérants en zone côtière), qu’ils soient d’origines naturelle ou anthropique.

 

Enfin, l’étude des évènements extrêmes doit aussi être faite sur le long terme. En effet, le changement climatique pourrait tendre à augmenter l’occurrence d’évènements extrêmes (e.g. évènements de fortes précipitations ; IPCC, 2014) et donc entraîner une diminution des débits, souvent liée à des périodes de crues moins longues et moins intenses (avec éventuellement un renforcement des crues torrentielles extrêmes dans certaines zones ; e.g. fleuves catalans), aussi liée aux prises d’eau anthropiques, en lien avec la politique de gestion de l’eau dans les bassins versants amont. En complément, certaines données à basse fréquence semblent indiquer une diminution de l’intensité des efflorescences phytoplanctoniques au cours du temps (e.g. Chauvaud et al., 2000). Cependant, les observations à basse-fréquence ne permettent pas une description précise des blooms (durée moyenne d’un bloom : 15-20 jours ; observation basse- fréquence = mesure toutes les 1 à 2 semaines). L’observation haute-fréquence sur le long terme est donc indispensable à la compréhension de telles évolutions.

Par ailleurs, le caractère de suivi à haute fréquence et les jeux de données originaux issus du réseau COAST- HF possèdent une forte valeur ajoutée dans le contexte actuel de surveillance du milieu marin côtier au niveau européen et d’aide à la décision.

A l’heure actuelle, les plates-formes constituant le réseau COAST-HF ont des durées d’existence allant d’un peu plus d’un an (Arcachon) à deux décennies (MAREL-Iroise, 20 ans). Pour l’essentiel du réseau, les systèmes sont maintenus depuis 5 à 10 ans.

Dans ce contexte, des études sur des thèmes requérant des mesures dans la durée sont d’ores et déjà possible, comme c’est le cas avec la bouée MAREL Iroise qui fournit un exemple de l’apport de longues séries temporelles aux problématiques scientifiques liée à l’impact local des changements globaux (Goberville et al., 2010 ; Tréguer et al., 2014).